Ma vie de marin de commerce

Publié le par momo2644

A moi la légion

Le balaise                                                                                          

Ancien chauffeur de Bigeart dans la légion étrangère (entre autre), après son temps effectué, il s'était retrouvé graisseur sur les pétroliers.

Une vraie force de la nature, tous les matins au réveil, il descendait à la machine faire des pompes avec l'enclume montée sur le billot de bois. Près de deux cents kilos le tout. Il soulevait l'ensemble plusieurs fois à bout de bras, pour se mettre en forme, disait-il.

Dans les années cinquante, un de ses oncles était célèbre pour sa force également, il empêchait un petit avion de décoller en le retenant avec une corde tenue entre les dents, des wagons aussi étaient tirés par les mâchoires. Que des costauds dans la famille, valait mieux les avoir comme copains.

Dès que nous étions à Marseille, il quittait le bord pour un jour ou deux, il revenait sans prévenir. On apprit par hasard ce qu'il faisait pendant ces absences, car un jour il revint avec un poignard planté entre les deux épaules. Il errait dans les quartiers arabes, en cherchant la bagarre, souvenir de la légion, jusqu'au jour où la chance a mal tourné, et il ne dut son salut qu'à la fuite.

Depuis son incident comme il aime à le dire, son dos fait office de baromètre, quand ça le chatouille, le temps va changer.

Il goûta de la prison aussi, un jour qu'il pissait dans le port de Marseille (Brel chantait autre chose), un car de police passait par là, les deux pandores voulurent le réprimander. Il s'est fâché, et après avoir tabassé la force publique, il remit tout le monde dans le camion et poussa le véhicule à l'eau.

Il n'y pensait plus, mais peu de temps après, alors qu'il était accoudé à un bar, une vingtaine de flics l'ont encerclé en lui disant de rester calme sinon ils le tiraient comme un lapin. Ils le gardèrent deux mois.

-"Un mois par flic esquinté", lui expliqua le juge.

Dès les premiers jours, je m'en étais fait un ami, et il me le rendait bien. A chaque escale, nous sortions ensemble, il me disait toujours :

-« Maurice, si tu as un problème, hurle : 'A moi la légion', j'arrive ! ».

Jamais je n'eus besoin de son aide.

Publié dans Aventures vécues

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